Des fois, je sens que ma vie est un long voyage de train où je vois chacune des gares défiler sans trop savoir à laquelle je dois descendre. Un transsibérien qui file à toute allure dans un paysage que je vois sans jamais vraiment pouvoir le vivre. Je peux décrire chacune des images qui se sont emmagasinées dans mon esprit et je peux réciter avec exactitude l'ordre avec lequel je les ai vues. Mais vous dire exactement ce que j'y ai vécu, il m'est très difficile d'y arriver.
Je suis en quelques sortes spectateur de ma vie, y a des matins que je me sens ainsi. Assis dans la première rangée et sur les meilleurs sièges, mais toujours ni plus ni moins qu'un spectateur. Pourquoi doit-on tant envier une autre position que la nôtre dans la vie? Est-ce que le train atteindra finalement une destination quelquonque ou ai-je la responsabilité de prendre la décision de choisir une gare, d'y vivre et de m'en contenter? Peut-être est-il là l'enjeu de la vie : s'efforcer de prendre une décision sur la vie que nous mèneront sans égard aux autres possibilités, ces autres gares qui s'offraient à nous?
Ce choix, c'est comme si je n'arrivais pas à m'y résoudre, comme si choisir avait des échos de contentement à mes oreilles. Se contenter de quelque chose quand nous sommes programmés en tant qu'humain à toujours vouloir plus, n'est-ce pas là un non-sens? Mais en même temps, le grand paradoxe, c'est que nous ne savons pas pour autant ce que nous voulons toujours dans la vie. En vouloir plus, mais on ne sait pas de quoi on a envie. Nous sommes bêtes des fois, si bêtes et nous n'en prenons pas toujours conscience.
Alors, j'ai des fois la solide envie de rembarquer dans ce train vers nulle part. Mettre derrière moi cette gare et ces gans auxquels je n'ai pu me fondre et partir vers une autre gare afin de recommencer tout cela. Ne suis-je pas l'homme aux quatre vies? L'habitude de tourner les pages d'un chapitre du livre de sa vie ne fait en sortes que nous la lisons pour autant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire