samedi 10 novembre 2018

L’illogique humanité

Ne pas comprendre m’épuise. Tout simplement. Le constat de la semaine. Ce qui semble si évident pour moi et que personne ne semble comprendre. L’inattendu. La surprise. Et pourtant tellement évident.  Mais pire encore. L’évidence pour tout le monde qui semble m’échapper. Me glisser entre les doigts. Tout bonnement. Innocemment. En vain.

Beaucoup de changements depuis mon dernier post. La perte de l’amoureux transi.  Par perte comme dans je ne l’ai plus avec moi car il est ailleurs.  Plutôt comme dans il ne se possède même plus lui même.  Il est parti voir plus haut si le bonheur si rare ici bas existait.  Une vie de peine qui se termine en peine de vivre. Triste sort. Je le sentais. Je le craignais. Cela faisait partie de l’univers du possible. Et je n’ai rien fait. Je n’ai rien dit. Je m’en voudrai toute ma vie.

Ne pas comprendre m’épuise comme je disais. Cela, je ne me comprends pas. J’ai un doute. Mais je ne le comprends pas.  Plus d’un mois depuis la triste nouvelle. Plus d’un mois que je verse des larmes de culpabilité au détour d’un souvenir, d’une pensée ou d’un rêve. Oui d’un rêve. L’autre nuit, je lui ai parlé et me suis éveillé  bordé par mes propres larmes. Une discussion à sens unique. L’écho ne me renvoyait que l’image de son sourire. Si beau. Si franc. Si déboussolé.

Ne pas comprendre ce que son cœur et sa tête tente d’échanger. Un discours de sourd. Ou d’aveugle dans mon cas.  Ma tête tente de raisonner la culpabilité que mon cœur ressent. La peine aussi. Et que dire de la colère. Celle avec qui je flirtais depuis le cancer. Depuis l’autre perte de 2018. Ironique quand même. Celui qui m’a accompagné au combat n’avait au final que des armes à retourner contre lui : son courage, sa tête dure, sa volonté et son organisation.  Parce que c’était salement organisé.  Au quart de tour.  

Me dire dans une lettre qu’il voudrait m’aider à comprendre, qu’il sait que je n’y arriverai pas.  Malgré lui. Malgré moi. Surtout malgré moi.  Il a bien beau me souhaiter le meilleur, mais quand tu deviens source du pire, ce n’est pas évident.  Pas cohérent. Pas juste.  Me dire dans une lettre que je suis lumineux.  Que je crée ma propre ombre. Me dire de m’aimer suffisamment pour tourner la page, pour me laisser atteindre, pour perdre pieds.  Me dire que les erreurs font partie du passé, qu’elles sont celles qui construisent le futur en fait.  Ce soir, j’ai un peu bu et je relis ces pages qui ne m’aideront pas plus à comprendre. Malheureusement.

Pierre-Paul aura été important dans ma vie. Il y aura eu le JS perdu d’avant 2015 et le perdant de 2018.  Mais entre les deux, j’aurai été témoin de tranches de réel bonheur dans sa vie.  Dans la mienne. Dans la nôtre. Il y aura eu un nous, le dernier en lice. Le seul probant. Mon petit demon, je t’aime autant que je te hais ce soir. C’est de bonne guerre. Ce n’est qu’un retour d’ascenseur.

Je ne comprends pas. Je me force. J’essaie. J’échoue. Encore...

PP my Love 
1985-2018