Dans 1 mois jour pour jour, tu seras parti de ma vie sans crier gare. Tu me l’as écrit et je t’entends me lire cette lettre en permanence. Tes mots résonnent : « ça va bien aller » me disais-tu. Tu me l’as écrit en fait car tu étais trop loin pour me le dire. Pour me le souffler à l’oreille. Mieux qu’un « je t’aime ». Une promesse d’éternité hors de ton contrôle. Mais tu es parti. Et j’ai désormais peine à croire...
Peine à croire que je vais m’en sortir sans trop de heurts.
Peine à croire que ça va bien aller.
Peine à croire que je vais passer au travers seul cette fois.
Parce que la vie ne cesse de me rappeler que j’ai choisi la solitude au pays des vents et du temps. Que l’être aimé est impossible. Que la main qui me flatterait le dos pendant que je vomis ma vie n’existe pas. N’existe plus. Et c’est ce qui me blesse le plus je pense. Une cicatrice sans fond. Sans guérissures. Une plaie infinie.
Et que me reste-t-il à espérer maintenant? Tout ce que je vois, c’est la peine.
La mienne.
La leur.
Mais c’est la tienne que je voudrais. Juste la tienne.
Ça me tue. Tout simplement. Encore et encore. Des fois je me dis que ce n’est pas seulement ta vie que tu t’es enlevé. Mais une partie de la mienne aussi. Celle qui était forte pour nous deux.
T’as pas idée comme j’aimerais tant recevoir un texto de PP my love.
Un Yo! comme signe de bonjour.
Un i2 en guise de Je t’aime aussi.
Un Je le sais comme écho à ma tristesse.
Je sais que tout cela est impossible. Que même dans mes rêves tu te fais de plus en plus rare depuis quelques temps. Comme si le temps faisait son œuvre. Mais je ne lui ai rien demandé moi à ce temps. J’arrive à peine à me souvenir de ta voix. J’ai perdu ton dernier message sur ma boîte vocale récemment. Un oubli de ce que changer de fournisseur mobile impliquait. Je comprends mieux la détresse de ces clients qui me faisaient des plaintes en ce sens et à qui je disais comprendre leur peine. Ostie que je comprenais rien. Jeune écervelé que j’étais. Jeune et con. Maintenant je sais...
Le cancer, c’est de la marde.
Inexplicable.
Intolérable.
Intangible.
Intense.
Interminable.
Ce soir, j’espère m’endormir avec mes nausées dans le seul espoir de te rejoindre l’espace d’un rêve. Pis si jamais tu venais pour me chercher, je pense que je te suivrais. Juste pour que tout cesse. Une fois pour toute. Mais jamais je ne ferais aux miens ce que tu as osé me faire. Certes je n’ai pas su t’entendre. Je t’ai fait mal. Je t’ai blessé. Je l’ai bien compris. Mais s’il te plaît, arrange toi pour qu’on me laisse tranquille un peu. Je ne peux pas fuir plus loin. Je ne peux plus espérer davantage. Je n’en peux tout simplement plus.
Pierre-Paul. Je t’ai aimé et t’aimerai toujours. Autant que je te hais. Alors, imagine à quel point je t’aime...
Murmure moi que tout cela va bien aller...