samedi 25 avril 2020

Le confinement.

Une quarantaine pour mes quarante ans. L’occasion parfaite pour prendre une pause, pour réfléchir. Ce ne sont pas les sujets qui manquent. Une pile de dossiers accumulés qui ne nécessitaient qu’un peu de temps et de jus de caboche. Des semaines pour mesurer l’étendue de ma solitude. Sa profondeur. Une tonne de sentiments et de rêves refoulés au profit d’une vie qui n’allait qu’au rythme du travail.  Mais que reste-t-il de moi au travers tout cela. Qu’en est-il de JS? 

Je constate que je suis encore plus que jamais épris d’amours impossibles. Forcé d’admettre que je ne suis pas le compagnon de vie de personnes. Riche d’amitiés certes. Richissime même. Mais je me surprends le soir à encore l’espérer près de moi quand c’est une autre qui en profite. Ce que je donnerais pour être celui qui partage son confinement. La valeur du temps qui passe est-elle aussi grande quand ce temps est vécu en solo? Je rêve de matins avec lui. De Netflix avec lui. De pain doré et de sushis en sa présence.  Je constate que je ne me suffis pas. Mais je dois m’y contraindre, me confiner dans ce qui est mon propre quotidien. Et c’est lourd.

Qu’en serait-il si je l’avais pour moi? Je ne sais même pas si je saurais en profiter. Clairement, je ne lui suffirais pas. Mais pour une fois, est-ce que ce rêve pourrait se réaliser que pour moi? Que pour valider l’étendue de mon fantasme?  Je ne parle même pas de sexe ici. Juste de présence. D’importance.  D’intimité du quotidien.  Mais en vain. Confinement ou pas.

Je ne suis réveillé cette nuit avec la conviction qu’il était étendu à mes côtés. Endormi. En confiance.  Mais mon lit était vide de sa présence, rempli de ma solitude. Qu’ai-je fait pour vivre ainsi? Je n’en dis pas que le couple est facile ces temps-ci. Probablement encore moins que je ne peux me l’imaginer. Mais ce temps qui nous est donné n’est-il pas un terreau fertile pour les projets? Pour nourrir demain?

J’angoisse a l’idée de voir les gens grandir de tout cela pendant que moi je stagne. Je l’imagine m’annoncer une grossesse, un bonheur à deux. Je suis enfermé ici, sans possibilité de forger un plan de remplacement. Cette solitude semble s’installer. Les jours passent et me laissent le goût amer d’une permanence en devenir. Je ne le veux pas. Je ne le vaux pas.

Et si seulement je pouvais être heureux pour elle. Elle ne m’a rien fait. Mais je ne l’aime pas. Limite de la haine mon affaire. Juste parce qu’elle est là et pas moi. Terrible fin pour un rêve impossible que j’ai nourri.  Mettre sa vie sur pause avant même que ce ne soit nécessaire de le faire pour vrai. S’enfermer dans l’impossible. Nourrir le peut-être. Je dois sortir de ce vortex. Je dois allumer d’autres feux. 

Je dis souvent que demain sera fait de mieux. Mais il commence quand demain? Bientôt je l’espère. Car je ne m’y rendrai pas. 

Seul comme un condamné devant l’échafaud, seul comme l’innocent devant son bourreau. Parce qu’on a passé la vie sans l’avoir. On se trouve seul devant son miroir. (Don Juan- Felix Grey)