dimanche 28 avril 2013

En catimini.

Je viens de retrouver deux textes issus d'un passé pas si lointain.  Rangés tous deux dans la boite à souvenirs que l'on tient à portée de mains pour les soirs de nostalgie si intenses et nécessaires.  Ils me rappellent tous deux celui qui avait tant peur de demain, celui devant lequel je me tiens debout en attente de l'ouverture de la rampe d'accès.

Subtilement, demain s'est imposé comme la suite logique à hier...
Sournoisement, demain est devenu inévitable.
En catimini, les enjeux se sont dissipés et sont finalement déménagés.

Depuis quelques jours, la vie semble prendre un autre tournant, celui du dernier détour avant d'arriver enfin à destination.  Le point où l'horizon se dessine enfin en quelque chose de tangible, de moins inconnu.  Je réalise que le chemin fut nécessaire, que les embûches bienfaitrices et que les obstacles, salvateurs.

Je ne dirais pas que je me suis libéré de ma rage envers ces gens qui m'ont (et m'auront je le crains) causé des tords est tout à fait dissipée.  Mais il s'avère que même si je me nourris de ce mépris en ce moment, cela a du moins l'avantage de me nourrir.

Je le sais que je le cite souvent, mais Daniel Bélanger avait trouvé de bons mots pour illustrer ce qui justifie que je poursuive et me jette tête première dans la vie et l'inconnu : Demain sera fait de mieux!

L'emprise

C'est impressionnant comment la vie fait les choses. Sous le joug de certaines personnes, les attitudes se modifient. Elles changent pour devenir une entité inconnue. Vivre sous la peur, c'est aussi vivre dans l'incertitude. Celle de cesser de connaître la personne que nous sommes, celle de mettre de l'avant des priorités qui ne sont plus les nôtres. C'est aussi perdre de vue nos objectifs et nos aspirations. C'est se mettre de côté sa propre essence finalement.

Et nous en sommes tous responsables puisque c'est notre choix que de poursuivre dans cette voie. Perdre notre voix par choix. Laisser les autres être l'écho de notre pensée. Mettons nos culottes et allons de l'avant! Je ne peux concevoir que l'on puisse volontairement délaisser notre raisonnement à autrui tout simplement. Comme si l'abandon prenait toute la place.

Ce matin, je vois venir demain. On est un autre jour, cela est certain. Sera-t-il long? Fera-t-il beau? La solution sera encore de le vivre pleinement et de faire face. Choisir de prendre prise au lieu d'être sous l'emprise. Réaliser au lieu de rêver. S'ancrer pour être une portion de la solive stabilisatrice de notre propre existence.

En attendant Hiroshima.

Craindre le pire dans l'espoir que rien de pire ne puisse survenir Croire que le simple fait d'y penser fera en sorte de ne pas lui permettre d'exister. Espérer que les reins seront solides suffisamment pour permettre de rester debout face aux vents.

Le drame quand il survient, c'est dramatique pour tous. Mais qu'en est-il de l'effet de surprise? Attendre le drame est pire que tout selon moi. Savoir qu'inévitablement il surviendra et qu'on devra l'affronter fait en sortes de rendre le drame omniprésent. Le joug. Comme si Damoclès avait eu un faible pour ma personne. Comme si se suspendre au dessus de ma tête devenait un élément du décor, une présence qui surveille le meilleur moment pour se manifester.

Mais est-ce possible de transformer l'anticipation en préparation? De faire en sortes de mettre des sacs de sable en prévision du déluge, de voir que le tsunami pourra être contrôlé? Je me dis que cela doit être un état d'esprit, une façon de voir les étapes de ce qui s'en vient. Visualiser. Faire du damage control.

L'Angoisse

C'est comme une boule de feu qui nous noue la gorge. En fait, c'est comme si la trachée se resserrait tellement fort que même l'air a peine à se tracer un chemin. Notre propre corps faisant ainsi obstacle à l'ordre naturel de la vie. Ça ne devrait pas être. On devrait toujours avoir bon espoir de prendre les dessus sur l'angoisse, sur le stress viscéral qui nous tenaille. Mais, des fois, il faut que cela passe et cela prend le temps que cela prends.

Une chaleur. Tenace. Destructrice. Malaisante. Comme si on n'arrivait pas à prendre le dessus sur nos émotions, sur notre profondeur. Les abîmes de l'enfer les plus redoutables siègent au creux de nous-mêmes puisqu'elles s'embrasent dès que l'angoisse fait son entrée. Mais pourquoi l'angoisse, pourquoi se faire des scénarios que ne se peuvent pas.

J'ai rêvé cette nuit que je mourrais. Que le sombre rideau de l'après-vie ne s'ouvrait pas. Que la continuité tant espérée n'aurait donc pas lieu et cela m'a tellement angoissé. L'autre soir, en marchant dans le parc, j'ai croisé le regard d'un homme déçu. Je le sais puisque ses yeux hurlaient son désespoir à plein iris. Cela m'a touché. Heurté en fait puisque ma corde sensible étant ce qu'elle est, j'ai été happé par sa tristesse. En fait, c'est l'existence de LA tristesse qui m'a le plus blessé. Je fus meurtri parce que pour moi, l'angoisse me blesse. Elle laisse une marque sur mon échine, celle de mon individualité.