vendredi 21 octobre 2011

Une vie en 3D. Désir. Désespoir. Danger. (1er avril 2010)

Un film de Manon Briand, La Turbulence des fluides (2002), fait état de ceci : les trois éléments essentiels pour nous faire avancer dans la vie sont le désir, le désespoir et le danger.  En ce petit dimanche pénard de ma semaine pascale sans congé où je renouais avec la beauté de ce film, je me suis mis à y réfléchir et je me demandais si cela avait du sens.  Est-ce que le désir m'a déjà amené à avancer dans cette vie qu'est la mienne? Et le désespoir quant à lui?  Finalement, me suis-je déjà senti en réel danger, du moins suffisamment pour engendrer une mouvance de ma part?

LE DÉSIR.  Désirer, ça implique inévitablement choisir et pour moi, faire un choix est une chose des plus ardues à réaliser.  Le réel désir, celui qui ne concerne que soi, peut remettre bien des choses en question, mais aussi les remettre en perspective.  Qu'est que je cherche dans la vie?  Y a-t-il quelque chose que je désire plus que toutes autres?  S'en sortir serait une réponse unanime.  Mais n'existe-t-il pas douze milles façons de s'en sortir? Indemne, intact, sain et sauf, aimé, repentant, meilleur sont toutes des réponses qui s'équivalent.  Le désir d'être demain.  L'ardent souhait d'être après.  Mais dans le fond, je réalise que cet après que je désire tant n'est que le avant d'un autre moment, d'un autre lieu.  Et que dire du sexe.  De ce désir qui habite quiconque n'y ayant pas tourné le dos.  Le pire manque n'est toutefois pas celui du sexe, mais bien celui du désir.  Croiser un regard, un corps, une possibilité.  S'imaginer se lover contre un corps qui pourrait être celui qui nous apporte les réponses ou du moins quelques unes.  Je me suis toujours dis que ce qui me manquait plus de l'amour était le reflet que j'y retrouvais de moi-même, la réponse à mon désir d'aimer et d'être aimé.  Désirer.  Être désiré. Être désirable.  Faible nuance mais un monde de différences.

LE DÉSORDRE.  Mettre sa vie sans dessus dessous et ce, sans raison.  Cela provient d'une coïncidence la première fois ou du moins d'un malheureux hasard.  Dans mon cas, cela devient un art dont je connais la maitrise.  Mais quelqu'un de célèbre n'a-t-il pas déjà dit que c'est par le chaos que tout prenait forme.  Si personne ne l'a dit, et bien, je le fais ce matin!  Le désordre nous force à prendre le dessus.  À brasser les choses, à les réenligner pour en prendre une nouvelle vision, y poser un regard neuf.  Soudainement, le chaos devient alors un prétexte à l'action, une sorte de matrice génératrice d'un lendemain.  J'ai souvent dit à ces jeunes animateurs surmenés que j'accompagnais au fil des dernières années qu'il fallait prendre du recul pour voir par-dessus le mur qui les obstruait, pour voir que les chemins pour le contourner sont multiples.  Seulement, le nez trop près du chaos ne peut nous amener qu'à manquer de perspective pour reprendre le dessus et continuer d'avancer.  ( Notez bien ici l'indulgence de l'auteur qui, par ces quelques lignes après quelques minutes de réflexions, s'est souvenu de la marde dans laquelle il baigne et qu'il se permet de relativiser légèrement ses propos.  Le fond reste le même.  La forme quant à elle peut diverger. Tenez vous le pour dit! )  Mais le désordre implique intrinsèquement l'existence de l'ordre.  Et l'ordre, bien, il fait bon d'y croire telle l'utopie absolue à toute chose.  Mais la dernière fois que j'ai cru touché à l'ordre, je prenais le train pour m'en éloigner. 

LE DANGER.  Qu'est-ce qui est le plus dangereux : vivre en danger ou se mettre soi-même en danger?  De plus en plus, je pense que les deux ont leurs travers mais qu'en bout de ligne, le constat qu'on en fait est le même.  La vie se trouve dans la mouvance, pas dans la stagnation.  Les peuples qui dans l'histoire se sont soulevés et qui ont avancé se sont mis en danger et ont vécu le danger imposé, mais ils se sont raccrochés à quelque chose.  Un but.  Une destination.  Vivre sans lendemain sécurise un temps, mais reprend vite tout ce que ça a apporté en double, même en triple.  Et le réel danger n'est pas que physique.  Il est dans tout ce qui nous déstabilise, ce qui nous écarte de notre route.

Alors pourquoi désirer, être désespéré et se mettre en danger si ce n'est que pour vivre une vie qui nous fasse avancer, qui nous maintienne dans l'action.  Manon Briand avait raison, ce sont trois choses primordiales qui nous maintiennent en vie au même titre que l'air, l'eau et le feu.  Ce sont des éléments de ma vie que plus jamais je ne mettrai de côté. Plus jamais.

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