vendredi 21 octobre 2011

La vie en appartement. (14 juin 2011)

Partir une journée pédagogique pour trouver son premier appartement.  Arpenter les rues de Sainte-Foy, dans les limites d'un quadrilatère bordé par les institutions scolaires.  Prendre en notes les numéros de téléphone sur les pancartes indiquant un logement à louer.  Courir à une cabine pour appeler car la technologie du téléphone mobile n'avait pas encore rejoint les adolescents que nous étions en 1997.  C'était il y a presque 15 ans.

Et voilà que 15 ans plus tard, la vie en appartement fait encore partie de mon quotidien.  C'est comme le phare de cette vie itinérante qui a été la mienne au fil des péripéties.  Et surtout les témoins du parcours, trop souvent circulaire jonché de carrefours giratoires, qui me rappellent souvent de bons fous rires et de légendaires tristesses.

Mais ce matin, je rêve d'une maison dont je serai le seul propriétaire.  Parce que mon propriétaire a la zénitude facile.  Comme si j'étais le pire locataire ever avec mon bac à recyclage roulant enseveli l'hiver.  Parce que mes chèques sont à l'occasion en date du 9.  J'ai donc eu envie de me remémorer de beaux moments des autres appartements, et les moins beaux, afin de me consoler de cet appel merdique de 9h21 ce matin.

RUE DELAGE, SAINTE-FOY
Le début d'une liberté.  La concrétisation de 6 ans d'attente.  L'enfant de la ville qui revenait dans son monoxyde de carbone.  L'enfant de la pollution no 2 qui reprenait sa liberté avec une passe d'autobus.  La 13.  La 801.  La 7.  Tous des parcours me menant vers des mondes qui je découvrais.  La buanderie.  Le passage chez Ashton.  La coloc qui jouait à Jour de Paye toute seule.  Catherine G.  Les périples au centre d'escompte Racine. Torn au mois de mai et Calvaire au mois de septembre.  Le plancher en damier noir et blanc et le tapis industriel.  Bref, un tremplin parfait pour le jeune homme que j'étais.  Les balbutiements de l'Amour avec un grand A et de la peine avec un grand P.  C'est une amitié consolidée avec Audrey et d'une première colocation avec Sylvain.

RUE MYRAND, 3e ÉTAGE À DEUX PAS DU CIEL.
De beaux moments remplis de bonheur.  De loin les plus heureux de ma vie.  Des colocs en or. Des concours de brossage de dents sans rire et se montrer les dents.  La négresse aux nénés dans le salon.  Le 'Ugly Naked man' d'en face et la cuisine orange brûlée.  Le toit qui perce et le garde-manger qui coule.  Jonathan Painchaud qui se lamente au 3e ... Mais qu'est-ce qui t'a poussé à partir ... La buanderie philosophique et l'Abonne-Clap.  Le nettoyage du plancher infecté de wartz ...  Fast car dans le piton.  Les soeurs Reed et les blackouts.

LAC SEPT-ÎLES.
La Solitude avec un grand S.  Le travail en permanence et le masque perpétuel.  La Crapule éphémère et la chapelle hantée par Sur le Seuil.  Le sommeil sur le divan et la crainte de se cracher un poumon.  Faire l'amour sur les quais un soir d'automne et pleurer sa vie dans un sous-sol à la fin de l'été 2004.  Les osties d'initiation de septembre et les responsabilités tant détestées.  Première chute et première grande déception.  Épuisement.

LIMOILOU, COIN 8e RUE ET 2e AVENUE.
Perte de poids et focus sur soi.  Musique et cooking.  Acceptation de soi et culture au maximum.  Sonatine devenant Marie-Chantale. Marche et Limoilou devenant MON Limoilou.  C.R.A.Z.Y et Les Choristes.  Vue sur le Château Frontenac et voisins idéaux.  Souper d'halloween thématique et concours de photos BBQ.  Calme.

BORDEL DE LA RUE BROWN
Comment bien le décrire pour illustrer le tout ....  Je le dirai ainsi : commune de marde.  Colocataires anormaux et saleté crasseuse.  Retour aux études et seconde chute.  Je me souviens des trois frigos et des deux poubelles débordantes.  Le Monia Maki du jeudi et les poils dans le bain.  Le cadenas sur ma porte de chambre et le condom étranger dans mon lit.  L'escalier sans fin et les pleurs sur le trottoir.  Un potentiel n'ayant ainsi jamais vu le jour.

333 DE LA 11e - BACKSTORE DE L'AUTRE OZONE
Plancher qui pue et toilette qui sait danser la valse.  Bain sur pattes et vol  à l'étalage.  Je me souviens de la pluie forte et du carreau cassé.  Mes parents qui accourent et les leçons de Madame Faucon.  Mes divans inconfortables furent à l'apogée de leur accueil : David, Philippe et Guillaume.  Une vie de couple sans sexe.  Des batailles sur les voitures et des appels au 9-1-1 hebdomadaires.  Crazy de Knowles Barclay en boucle et l'annonce d'une solitude renouvelée.  Un nid d'urubus.

MON ROYAUME ÉPINEUX DE LA 2e AVENUE.
Le déni recouvrant le plancher de mon salon.  Deux chattes, Boubou et Kyra, mais aussi deux mondes.  Les retrouvailles de la colocation et les déboires financiers de la solitude.  La prise de poids.  L'ascension de l'enseignant et la naissance de la télécom.  Les dettes et les rêves.  Un nid imparfait mais de plus en plus à mon image.  Une prise de conscience assumée.  Un plancher fragile et une scène à la fois. Des fines herbes sur le bail. Une suite à découvrir...

Wow!  Quinze années de ma vie à l'intérieur de plusieurs murs.  J'ai en tête chacune des pièces que j'ai ainsi habitées dans jamais les habiter totalement.  Mais j'ai envie maintenant de poser pieds quelque part pour vrai.  D'enfin mettre pignon sur rue ...

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