vendredi 21 octobre 2011

L'emprunteur de temps. (19-03-2010)

Je suis un emprunteur de temps.  Le temps que je vis depuis 18 mois me semble emprunté.  Comme si l'anticipation dans laquelle je vis m'amène à considérer le temps qui est pourtant mien emprunté.  Emprunté à qui? Je ne le sais pas.  Vous n'avez jamais vécu ce sentiment?  Comme si vous ne méritiez pas des minutes en bonne compagnie, comme si elles devaient être destinées à quelqu'un d'autre.  Un peu comme les moments que l'on passe à écouter un CD laissé chez soi par un ami ou que l'on porte le foulard d'un ami oublié sur le divan pour aller marcher dehors.  Juste pour savoir comment se vit le temps avec un élément qui ne nous appartient pas.

Je suis un emprunteur de temps.  À l'aube de ma trentaine, je constate que les dix dernières années n'ont été en quelques sortes qu'un emprunt, quelque chose que je devrai remettre au centuple. Vivre pour les autres.  Vivre par les autres.  C'est de l'emprunt pur et simple.  Il n'est pas simple de s'approprier son propre temps.  Avez-vous déjà pris le temps de vous arrêter et de constater que la dernère heure, de ce dernier jour, de cette dernière année était vôtre? 

Je suis un emprunteur de temps. L'angoisse, le stress, l'anticipation et la culpabilité sont toutes des motivations d'emprunt de temps.  Elle nous force à circuler sur la voie d'accotement de l'autoroute de sa propre vie.  On se met en mode observation, on prend des brides de vie et on prend conscience de la vitesse à laquelle les choses évoluent sur cette route.  Et après un certain temps, le plus difficile est de se relancer dans la circulation sans se faire rentrer dedans par ceux qui ont continué à circuler sur cette voie rapide.  "Mais le temps qui compte est toujours compté" comme disait Marie Laberge.

reflets dans le retroviseurCe que je souhaite pour ma trentaine.  Prendre du temps.  Récupérer du temps.  Le vivre pour les bonnes raisons.  Reprendre ma place dans la circulation.  Être guidé par des projets qui deviendront en quelques sortes de nouvelles destinations, qui créeront de nouveaux parcours.  Et surtout, m'ouvrir à de nouveaux paysages. Car regarder en permanence dans la rétroviseur de peur que quelque chose nous heurte, ça fait en sorte qu'on ne regarde plus trop souvent vers l'avant.

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