vendredi 21 octobre 2011

Le désespoir, est-ce que ça se juge? (7 juillet 2011)

J'aime bien Facebook.  J'ai eu mes chicanes avec elle récemment, nous nous sommes boudés mais voilà que nous reprenons une meilleure relation.  Mais bon, ce ne sont pas les béabas de Dame Face de Book qui me turlupinent aujourd'hui, mais bien la liberté qu'elle nous offre et qui permet d'y lire des phrases coups de poing ...

Par exemple, j'ai lu hier sur FB un gars qui réagissait au verdict de non responsabilité criminelle du Dr Turcotte en criant haut et fort que le fait de tuer ses enfants était maintenant accepté et non punissable ... Euuuh!  On fait attention à ce qu'on dit ici s'il vous plaît!  Je ne suis pas certain que l'on se permettrait la même liberté de crier haut et fort ce genre de commentaires en pleine foule du Festival d'été.  Des fois, je me dis que la liberté est une arme qui a deux tranchants très bien affûtés.  Ce n'est pas un droit que d'être libre mais bien la responsabilité que de l'utiliser intelligemment.  Je ne suis pas en train de dire ici qu'on ne peut pas être choqué d'un tel verdict, mais il faut laisser à la Justice la tâche qu'on lui a confié et ne pas la ridiculiser sur la place publique.

Parce que ridiculiser la Justice en public, n'est-ce pas le premier pas vers une société qui se scinde?  Si ses propres rouages deviennent contestables, que ferons-nous de toutes les décisions que nous jugeons bonnes?  Foncièrement, elles ne seraient pas plus valables puisque ce sont les mêmes rouages qui en ont décidé ainsi.  Et le Dr Turcotte, que peut-on en penser sans s'être penché au contexte?

Il a tué ses enfants, ça c'est un fait.  Mais le désespoir, est-ce que ça se juge?  C'est d'une aberration sans précédent que des enfants soient morts de la main de leur père en réaction à une relation amoureuse qui tirait à sa fin.  Ne pas lire ici que je suis en train d'excuser ou d'endosser le geste.  Mais je dis seulement que le désespoir, ou appelons le "folie" dans ce cas, c'est quelque chose qu'on ne peut pas juger si facilement.  Sur le coup de la folie et de la peine, on peut faire des choses qui sont à des milles de ce qui nous ressemble, ça vous pouvez me croire sur paroles.  "Been there, done that" comme on dit.  Mais même si cela fait cliché, moi je pense que la pire sentence sera celle de reprendre ses esprits et d'être confronté au quotidien au meurtre de ses enfants.  La lucidité sera le boulet, guérir pour mieux souffrir.  Le terrible regard que la société se chargera de lui infliger au quotidien le lui rappellera.

L'enfer, c'est les autres.  J'ajouterai que l'enfer, c'est crissement les autres.  On est tellement bon en tant que société pour être le bourreau et le bûcher à la fois.  Je te condamne et te lynche immédiatement.  Un peu comme ce que l'on a fait avec les sorcières que l'on immergeait dans l'eau pour vérifier si elles étaient maléfiques.  Si elles se noyaient, elles n'étaient pas sorcières.  Si elles survivaient, elles étaient maléfiques et on les brûlait.  Ce sont des décisions prises à l'avance et la peine et la peur collectives ont pris la responsabilité.
Des fois je me dis qu'il faut peut-être avoir vu le désespoir de près pour mieux comprendre son emprise, sa force...

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