vendredi 21 octobre 2011

La détresse des leaders. (11 août 2010)

Dans le détour de la vie, au virage que j'ai entrepris le 19 novembre 2008, j'ai perdu mon leadership.  Je l'ai laissé choire au bord de la route en me disant que quelqu'un d'autre en fera un meilleur usage, comme les divans que l'on laisse la veille des vidanges et qui au petit matin font partie d'une nouvelle vie.  Mais voilà que sans m'en rendre compte, je suis passé récemment dans les parages et mon leadership était toujours là à attendre que je revienne le chercher.  J'ai l'impression d'avoir laissé mon leadership au pawn shop et qu'il m'en coûte le double pour le récupérer sans quoi il sera vendu à rabais finalement.  Triste sort.

Il y a une détresse pour les leaders, ça, je n'en démords pas.  À trop vouloir organiser, un sentiment de puissance nous envahit et fausse en quelques sortes la percepton que nous avons du monde, du pouvoir réel que nous avons sur les choses.  Je me prends souvent pour Lesbienne Farouche qui contrôle la vie de tous les personnages de Virginie depuis 15 ans et qui possèede la destinée de chacun entre ses mains.  Des fois, je dis bien des fois, j'ai l'impression que je peux provoquer les événements entre 7h00 et 7h15 le matin, le moment où je me réveille à peine parce que mes pensées m'ont crié 'Wake up le grand!'.  Que si j'y pense fort fort fort, je vais pouvoir faire en sortes que le téléphone ne sonne pas, que la poste soit vide et que la journée passe vite vite vite.  Mais il n'en est rien je crois.  Une femme que j'aimais beaucoup m'a déjà dit de lâcher prise, de prendre mes soucis et de les lancer dans l'univers, comme ça, paf dans les airs!  Imaginez-vous donc que ça marche un temps, que ça adoucit les coins mais que la gravité est incontournable et qu'ils nous retombent dessus au moment où on ne s'y attend pas.

Les leaders sont en détresse.  Je le sais, j'en suis entouré.  Ils sont fatigués de prendre le relais pour des gens qui n'avancent pas.  Ils ont peine à avancer leur propre vie par soucis d'humanité, de justice et autres valeurs en vrac du genre.  Je ne demande toujours comment font les gens pour se contenter des choses?  Pour choisir le statut quo et ne pas tenter de faire avancer les choses dans leur milieu de travail, dans leur milieu familial.  Une pause peut être nécessaire; en fait, elle doit l'être.  Mais pour le leader, la pause est synonyme de culpabilité.  Pourquoi j'ai peine à en prendre plus sur mes épaules?  Suis-je en train de devenir lâche?  Vais-je sombrer dans ma solitude?

Il faut dire que le leader craint la solitude et que cette solitude peut l'amener à se leader lui-même dans le champs ... je parle par expérience ici! :s  Un leader sans personne pour le suivre, ce n'est pas un leader, c'est une personne motivée, dynamique.  Mais quel leader veut devenir motivé?  Aucun, il veut être le motivateur.  Celui qui donne la cadence du pas.  Mais le soir quand il rentre chez lui, le leader est confronté à sa propre vie et à la limite de son pouvoir sans troupe à orienter et c'est là que la détresse commence.

Bonsoir, je m'appelle Jean-Simon et je suis un leader! Je devrais créer mon propre CLD dans la vie, mon cercle des leaders déchus.  Ceux qui ont remis leur tête de leader dans le garde-robe afin de prendre du recul.  Je me corrige en fait. Le leadership, en fait, ce n'est pas vraiment une tête mais plutôt un masque.  Un masque que l'on peut apposer sur n'importe quelle de nos têtes que contient notre foutu garde-robe.  Parce que le leader est reconnu comme tel au boulot, dans le cercle d'ami, dans le cours de macramé du samedi.  C'est une impasse, ça nous suit comme ce parfum cheap qu'on a essayé chez La Baie et dont on a aspergé notre col roulé.  Même tenter de fuir son leadership, c'est se mettre des oeillères au fond.  Et porter un masque, ça ne change rien à ce que l'on voit, c'est plutôt les autres qui voient le masque, le remarquent et croyez-moi qu'ils en prennent note.

Au fond, le leadership c'est incurable!  On naît avec, on vit avec et il s'éteindra avec nous. Rien ni personne ne peut atténuer le leadership et nos leaders peuvent en souffrir.  Ne pas connaître nos possibilités, c'est ne pas reconnaître tous nos rendez-vous manqués. Savoir que l'on aurait pu est pire que de savoir que l'on ne pourra pas.  Mais tout l'enjeu de vivre est là : tenter de penser à demain tout en oubliant hier et non pas l'inverse, car en ne pensant qu'à hier on en vient inévitablement à oublier demain.

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