vendredi 21 octobre 2011

Donnez-moi du temps et je vous donnerai des mots. (9 septembre 2010)

«J'ai commencé à écrire à 11 ans pour sortir quelque chose de moi, pas pour écrire un livre. J'avais besoin que quelqu'un d'autre porte ma peine» disait Marie Laberge aux dernières Correspondances d'Eastman et je partage avec elle se rapport sournois avec l'écriture.  Les mots qui blessent sont souvent ceux qui guérissent.  Sortir de soi ne peut passer par autre canal, par autre voie que par les mots. Dans mon cas à tout le moins.
J'essaie de me souvenir de mes premières lignes, des premiers mots qui sont sortis de moi et j'ai mal à m'en rappeler.  Peut-être parce que ceux qui ont suivi sont si nombreux depuis.  Peut-être parce que les années ont passé et que les marques laissées sur le sable étant enfant ont depuis belle lurette été enlevées par les vents et les marées.  Peut-être aussi que mon subconscient ne veut pas me les ramener en mémoire parce qu'ils étaient une sorte de cri émanant de ma gorge nouée de jeune adolescent qui en voulait à la vie.

J'aime raconter le beau, j'ai besoin d'évacuer le laid.  Nuance certes, mais le besoin duquel le geste découle est très différent.  Je n'écris pas pour être lu.  Mes écrits ne doivent pas devenir le centre de discussions orales, ils sont autonomes, ils demeurent du monde de l'intangible.  Quand je me relis, ce que je fais sûrement trop souvent, je revois le flux d'idées qui tergiversent devant mon regard, à la fine surface de mes yeux.  Comme un filtre qui teinterait ma vision des choses.  Mon monde est structuré de mots.  Les mots sont ceux qui me font le plus pleuré.  Une chanson, un vers, un dialogue.  Tous des poignards finement aiguisés qui pointent vers ma trop grande sensibilité.

Comme Marie Laberge, je suis au service de mes mots et ce, avec le peu de talent que j'ai.  Mais l'exercice d'écrire demeure l'exercice le plus salvateur que je pratiquai et que je n'ai jamais eu.  Il m'appartient et il est libre à la fois.

Je vous aime. J'ai besoin de vous.  Merci.  J'ai de la peine. J'ai envie. Je souhaite. Ne pars pas. Tous des mots qui m'habitent et dont j'en sue les syllabes.  Mais s'ils ne sont pas voués à être lus, ils seront encore moins entendus.

Donnez-moi du temps et je vous donnerai des mots.  Donnez-moi vos mots et soyez certains que vous aurez de mon temps ...

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