mercredi 11 avril 2012

Urban jungle.

Elle. Elle est là 4 matins sur 5. Elle attend l'autobus sans jamais y embarquer. Je le sais, je la vois traverser la rue une fois que moi, j'y monte! Toute menue, voire même frêle. Elle porte le mauvais manteau pour la mauvaise saison. Comme si elle vivait dans une saison sans fin où on se fiche bien de ce que Mère Nature peut nous déverser sur la tête. Elle attend.

Lui. Lui, il prend toute la place qu'il peut. Tant dans l'espace que dans l'interstice de mes pensées. Il embarque au coin de la 1re avec le même perpétuel sac de papier à l'Arche dorée. Tous les matins, c'est la même chorégraphie qu'il nous donne, comme si le spectacle dans cette jungle urbaine était mis en scène à la seconde près, chacun des mouvements calculés. Une entrée, glisse sur le banc, un sacre et un deuxième pour la forme. Il replace son bandeau d'un autre temps pour y placer des écouteurs propulsant plus vers dehors que dedans. Lui, il descend à cet arrêt vers nulle part.

Eux. Tous les jeudis matins, ils prennent le chemin du centre d'achat. Ils sont propres et ils sentent un peu trop le parfum. L'anticipation est forte, palpable. Comme s'ils avaient vécus dans l'attente de ce moment. Incertains que l'arrêt se trouve toujours au même endroit, ils demandent toujours au chauffeur si c'est bien le prochain arrêt. Ça les rassure, je le vois dans le sourire Polident de la dame. Vieux, mais ensemble. Unis au centre d'achat.

Ce sont les gens qui meublent une partie de mon quotidien depuis quelques semaines. Une habitude s'est créée, des inconnus pour qui je le suis tout autant. Nous sommes de la même jungle urbaine, partageant une portion de quotidien. Ces gens sont aussi le témoin de notre existence. Disons qu'ils sont les figurants du film de notre vie.

Depuis peu, c'est en quelques sortes l'analyse du temps que j'en fais. Mon temps peut se calculer en différentes choses :3-28-1-803-4. Ils se comptent en temps de marche, en numéros d'autobus, en cigarettes ou en chansons jouées sur mon Ipod. Le plus difficile rendu à la mi-temps de quelque chose, c'est de lâcher prise. Lâcher prise sur quelque chose que nous ne contrôlons pas, c'est difficile. Voilà ce à quoi pense le Monsieur Costaud dans l'autobus qui débarque à ces condos qu'il ne possèdera pas.

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