dimanche 29 avril 2012

Le prix de la solitude.

En remontant dans le temps, pas si longtemps avant aujourd'hui, je craignais la solitude.   Je la pensais génératrice de malheurs, une des seules choses capables de me faire devenir un acteur du meilleur comme du pire.   Tel un tuteur qui me guiderait vers le soleil, j'ai alors choisi de fuir cette solitude, de me préserver du risque de tomber du côté noir de moi-même.

Mais voilà que quelques mois plus tard, je constate avec tristesse (et même avec vives douleurs) que la seule chose que j'ai perdu en jetant du revers de la main ma solitude, c'est le droit acquis de refaire surface au moment que je juge opportun.  Comme si je devenais en quelques sortes l'avatar de mes désirs sous le couvercle d'un bouclier forgé au gré de mes peurs et de mes angoisses.

Est-ce que ça a un prix que de pouvoir vivre au rythme de ses propres désirs?  Avoir du plaisir au moment que l'on veut, avec les gens que l'on veut et ce, au volume sonore que l'on veut?  Devenir l'épave de soi-même un vendredi soir de fin de semaine où la seule possibilité d'une parcelle de bonheur est une boîte de Kraft Dinner... avec saucisses!  Je vous le dis, le sacrifice de cette liberté est lourde de conséquences.  Comme si la réelle prison n'était pas celle de ne pas pouvoir sortir, mais plutôt celle de ne pas pouvoir entrer au creux de soi-même.

Prenez une autre gorgée de café, je sais que je suis un peu intense ce matin.  Mais je le dis tout haut et avec un brin de déception, je me suis trompé.  À trop vouloir me protéger et dans mon plan de reconstruction, jamais je n'avais songé que ces belles murailles auraient l'effet contraire le jour où je deviendrais plus solide.  Quel est le jour exact où le tuteur devient une béquille pour la plante?

Et les chemins de vie, qu'en est-il?  Je le sais que le minimum dans la vie, c'est de respecter les choix de vie pris par les gens qui nous entourent, qu'il faut prendre un temps d'arrêt pour bien comprendre les dialogues fantômatiques des gens qui nous entourent.  Certains nous disent peu en criant à tue-tête.  D'autres par leur jalousie ne font que concrétiser leurs envies.  Vivre sous les yeux des autres, c'est de leur donner prise sur notre vie, mais surtout de réagir à leur propre façon de vivre la leur.  Comme si l'exercice réel d'une colocation, d'un partenariat et voire même du couple, c'est être en mesure d'avoir un reflet de sa propre existence.  Voilà ce qui me faisait fuir ma solitude hier.   Voilà ce qui me la fait tant envier aujourd'hui.

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